Non « le bon docteur Louis Pasteur » que nous avons tous trouvé dans nos livres scolaires comme étant le sauveur de millions petits enfants, n’est pas celui que l’on nous a présenté. Pour des raisons politiques, culturelles ou affairistes, l’histoire a souvent abusé de la crédulité confiante et perméable des enfants ; lorsque plus tard ils deviennent parents, ils transmettent en toute bonne conscience leur formatage dans la tête de leurs progénitures.
C’est ainsi que de multiples grands mensonges ont pu de générations en générations traverser des siècles, les quelques troublions sceptiques étant toujours jetés aux ordures ou punis. De fait, il est clair que relativement peu d’individus arrivent à s’extirper de l’éducation et coutumes de leur enfance. Heureusement, il y a de nos jours (grâce surtout à Internet) de plus en plus de dérangeurs de la pensée collective qui mènent des enquêtes indiscrètes les autorisant à jeter des pavés dans la mare des grands mensonges…
Mais revenons à notre « bon docteur Pasteur » – D’abord, Pasteur n’était pas médecin mais chimiste – il n’a jamais soigné des malades, mais seulement effectué des expérimentations sur des malades… et aussi des bien portants.
Mieux ces expérimentations n’ont la plupart du temps abouti à rien, sauf celles qu’il a volées à de vrais chercheurs discrets tels Toussant, Davaine, Galtier, Dubouet, Roux, et surtout Béchamp, pour les reprendre à son nom après les avoir traîné dans la boue. L’on devrait remplacer toutes les rues Pasteur par des rues Béchamp – le grand Béchamp, témoins gênant des incessantes erreurs de Pasteur.
Mais Louis Pasteur était un remarquable tribun capable de confondre publiquement tous ses adversaires, sans compter son tempérament colérique bien connu et ses hautes relations qui le faisaient redouter.
Le dilemme entre deux sources historiques
La première, seule officielle que l’on nous a servi à l’école est l’autobiographie que Pasteur a fait de lui-même, rédigée par son gendre Valléry Ragot, se présentant comme un héros ainsi qu’il savait si bien faire devant l’académie des sciences où il attribuait toujours ses erreurs passées à ses adversaires, après s’être approprié leurs idées et leurs découvertes.
La seconde, c’est Jean Rostand qui, ayant eu en mains une partie des œuvres de Davaine en 1948, eut l’initiative « audacieuse » de remettre en question la paternité légendaire de Pasteur sur l’origine microbienne des maladies infectieuses (voir Hommes de vérité, 2ème série). Aussi confia-t-il à un jeune zoologiste passionné d’histoire des sciences, nommé Jean Théodoridès, la mission d’approfondir l’œuvre de Davaine. Ce passionnant travail amena Théodoridès à entrer en contact avec un excellent historien des sciences, médecin retraité dans le Limousin, le Dr Léon Delhoume. Celui-ci avait rédigé trois volumes importants sur les vies de Dupuytren, Cruveilhier, d’Arsonval, mais surtout sur les œuvres inédites de Claude Bernard, d’une remarquable érudition.
Une rétention de 50 années…
Sur la base de quels documents Delhoume avait-il travaillé ? D’Arsonval avait été le dernier assistant de Claude Bernard. Celui-ci, victime à 65 ans d’une maladie aiguë mortelle, consterné de ne pouvoir finir son œuvre, confia avant de mourir à ses intimes : « Pasteur s’est trompé« . Puis il missionna D’Arsonval, alors âgé de 26 ans, pour faire publier ses travaux, hélas inachevés. Très impressionné, D’Arsonval préféra déléguer le grand chimiste Berthelot qui, derechef, fit effectuer une publication à l’Académie des sciences. Mais Pasteur entra dans une fureur démente, et le jeune D’Arsonval, effrayé, n’osa plus jamais rien communiquer. C’est ce qui explique la rétention de 50 années du dossier Claude Bernard, jusqu’à ce que D’Arsonval se décide enfin à le communiquer au Dr Delhoume, historien.
Philippe Decourt, membre de l’Académie internationale d’histoire de la médecine, et ami de Théodoridès, rendait régulièrement visite au Dr Delhoume. C’est ainsi qu’un jour, il se vit remettre en mains propres par le docteur un ouvrage intitulé : « Béchamp ou Pasteur ?« avec, en sous-titre : « Un chapitre perdu de l’histoire de la biologie ». Delhoume lui confia : « Je suis maintenant trop vieux. Vous devriez voir cela de plus près. » Ce livre avait été rédigé par une Anglaise, sur les notes d’un médecin américain, ami personnel de Béchamp, puis traduit en français en 1948 aux Éditions Le François.
Philippe Decourt écrira ensuite : « Ce que je constatais à la lecture des documents me stupéfia. Ma stupéfaction augmenta encore quand j’étudiai peu à peu les autres découvertes que l’on attribue à Pasteur. La réalité est tout à fait différente de la légende. On avait créé un mythe que l’on répétait sans rien vérifier. Nous étions victimes d’une immense supercherie. »
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