Maladie de Lyme : Viviane Schaller condamnée, Bernard Christophe décédé
Le 14/12/2016 16:23 par Jean-Frédéric Surdey et AFP , actualisé le 15/12/2016 à 07:15
La cour d’appel de Colmar a rendu son arrêt, ce mercredi après-midi, à l’encontre de deux partisans de méthodes alternatives de détection et de traitement de la maladie de Lyme.
Soupçonnée d’avoir interprété les résultats d’un test de dépistage afin le rendre le second toujours nécessaire, et d’avoir ainsi escroqué la CPAM (Caisse primaire d’assurance maladie) à hauteur de 280 000 €, la biologiste strasbourgeoise Viviane Schaller a vu sa peine confirmée. Comme en première instance, elle a écopé de neuf mois de prison avec sursis et devra verser 280 000 € de dommages et intérêts à la CPAM. A l’issue du délibéré, son avocat Me Julien Fouray a immédiatement annoncé qu’elle allait former un pourvoi en cassation : « Son combat continue ».
Pour avoir commercialisé un produit à base d’huiles essentielles de plantes, considéré par la justice comme un médicament vendu sans autorisation, le Bas-Rhinois Bernard Christophe avait été condamné en première instance à neuf mois avec sursis, et à verser 10 000 € de dommages et intérêts au conseil de l’ordre des pharmaciens. Le tribunal de Strasbourg avait néanmoins estimé qu’il n’avait pas été complice d’une escroquerie. Bernard Christophe étant décédé le 10 décembre dernier d’un arrêt cardiaque, à l’âge de 67 ans, la cour a constaté l’extinction des actions publique et civile, et donc l’arrêt des poursuites judiciaires. « Bernard Christophe n’était pas un escroc, au contraire il s’est battu pour les malades de Lyme pendant près de 20 ans », a souligné ce mercredi son avocate Me Catherine Faivre.
Y’a-t-il eu déni de la maladie ?
Dans cette affaire, la justice reproche à Viviane Schaller, 68 ans, d’avoir, dans son laboratoire d’analyses biologiques alors basé à Strasbourg – et aujourd’hui fermé sur décision des autorités sanitaires -, appliqué pendant des années un protocole de dépistage non homologué de cette affection potentiellement invalidante, transmise par les tiques.
Selon elle, les protocoles officiels sont inadaptés et ne permettent de détecter qu’une très faible proportion des cas de Lyme. Elle a ainsi annoncé à des milliers de patients en errance thérapeutique, dans toute la France, qu’ils étaient porteurs de la maladie, alors qu’on leur avait longtemps affirmé le contraire. Aujourd’hui encore, la pertinence de ces diagnostics reste controversée.
Soutenus par des milliers de patients en colère, les prévenus, qui dénonçaient le «déni» de la maladie de Lyme par les pouvoirs publics, avaient expliqué à l’audience qu’ils s’estimaient confortés par les récentes annonces du gouvernement en la matière.
Evoquant le «sentiment d’abandon et l’errance thérapeutique auxquels sont confrontés» les malades, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a présenté fin septembre un «plan national» pour améliorer la prise en charge de la maladie, notamment autour du développement de nouveaux tests de diagnostic.