L’Alsace : 300 manifestants contre le compteur Linky, la fronde anti-linky s’étend…
Articles l’Alsace du 10 septembre 2016
Les élus et les citoyens rassemblés hier devant la préfecture du Haut-Rhin à Colmar étaient très en colère. La fronde contre le nouveau compteur « communicant » Linky du distributeur d’électricité Enedis est en train de prendre de l’ampleur, entraînée par les craintes de ses conséquences sur la santé et les méthodes employées pour l’imposer.
Photo L’Alsace/ Vanessa Meyer
Environ 300 personnes se sont rassemblées hier matin à l’appel de l’association Groupe Santé Colmar devant la préfecture du Haut-Rhin afin de s’opposer au compteur « communicant » Linky actuellement déployé dans le département. Élus, associatifs et simples citoyens entendaient réclamer la suspension de la pose du nouveau compteur et protester contre les méthodes du distributeur d’électricité Enedis (ex-ERDF) qui, jugent-ils, usent de pressions inacceptables envers les usagers et les élus locaux.
Tous témoignent de procédés inquiétants. Présent au rassemblement, le maire de Burnhaupt-le-Bas Alain Grieneisen, dont la commune a pris une délibération contre le déploiement de Linky en mars dernier, évoque un « forcing insupportable ». Au menu des réjouissances, menaces, harcèlement et opérations sauvages. « Enedis et les services de l’État nous ont demandé par différentes voies, notamment courriers et coups de téléphone, de revenir sur notre décision. Enedis nous a clairement menacé de nous faire payer 50 000 € de dommages et intérêts. »
Difficile de résister à Enedis
Le maire de Saint-Bernard, dans le Sundgau, Bertrand Ivain, dont la délibération anti-Linky date d’avril 2016, n’hésite pas à affirmer qu’Enedis « foule la démocratie aux pieds ». « Tant que le tribunal administratif (TA) de Strasbourg ne se sera pas prononcé, notre délibération reste valable. » Celle-ci a fait l’objet d’un recours en annulation par le préfet, puis a été contestée par Enedis devant le TA ; l’affaire est toujours à l’instruction.
« Or, malgré l’attente de cette décision, Enedis a installé voici quatre mois un compteur Linky dans une maison en chantier, en dépit de deux courriers que nous lui avons adressés et des conversations téléphoniques au cours desquelles nous avons motivé notre refus. J’ai été alerté, mais lorsque je suis arrivé sur place, c’était trop tard, le compteur était posé ! »
L’édile ajoute que la puissance d’Enedis est telle qu’il est très difficile de lui résister. Il n’hésite d’ailleurs pas à faire le lien entre la délibération prise par sa commune et le refus d’Enedis de lui attribuer une subvention de 9 126 € pourtant votée en assemblée plénière par le Syndicat d’électricité et de gaz du Rhin pour des travaux d’enfouissement de lignes.
Les opposants au compteur Linky pointent la dangerosité des ondes électromagnétiques émises, ainsi que les atteintes à la vie privée permises par ces compteurs « communicants » qui relèvent et communiquent, sans intervention humaine et en temps quasi réel, de nombreuses informations sur la consommation des foyers équipés.
« Les communes sont propriétaires des compteurs, les maires sont donc responsables des conséquences de leur installation » , explique Jean-François Kabucz, premier adjoint au maire de Wasserbourg, contestant l’argument selon lequel, du fait du transfert de leur compétence d’autorité organisatrice d’électricité à un syndicat, celles-ci ne le seraient plus. « Transfert de compétence ne vaut pas transfert de propriété ! Si les compteurs Linky s’avèrent nocifs, c’est contre nous que la population se retournera. »
« Après l’amiante, le Mediator, le Bisphénol A… »
« C’est le cumul d’ondes qui pose problème » , ajoute-t-il. « On a connu les scandales sanitaires de l’amiante, du Mediator, du Bisphénol A… bientôt celui du Linky ? » , renchérit Alain Grieneisen.
Une délégation de sept personnes* a été reçue par le secrétaire général de la préfecture Christophe Marx en fin de matinée. Tout en reconnaissant que l’inquiétude exprimée ne pouvait être ignorée, celui-ci a indiqué que le débat se situait au niveau national et que le préfet, « dans son dur métier d’exécutif, n’avait pas à prendre position, mais à faire respecter la loi » , conseillant à ses interlocuteurs de s’adresser à leurs députés et sénateurs.
Photo L’Alsace/Véronique Berkani
*Une délégation de sept personnes, élus et associatifs : parmi eux, des membres du Groupe Santé Colmar, le fondateur du collectif anti-Linky de Richwiller, les maires de Burnhaupt-le-Bas, Saint-Bernard et Ungersheim. Une pétition de 8 326 signatures lui a été remise.
SE RENSEIGNER : stoplinkymulhouse68.monsite-orange.fr Neuf collectifs anti-Linky existent dans le Haut-Rhin : Brechaumont, Zimmersheim, Mulhouse, Richwiller, Nambsheim, Hochstatt, Uffheim, Burnhaupt-le-Bas et Eschentzwiller.